J’ai grandi en Alberta sans jamais entendre parler d’Amber Valley. Comment falsifie-t-onl’histoire ?
La falsificationde l’histoire des Prairies : Si nous ne connaissons pas notre passé, nous ne pouvons pas comprendre notre présent.
katarina vernom : pour CBC First person. Publié : 25 avril 2021 02h00 HR | Dernière mise à jour : 29 avril 2021
BobbieCrumpau volant avec sa familleà Edmonton, Alberta, vers 1918. (Archives Glenbow/NA-4210-1)
Cette histoire fait partie du projet Black on the Prairies, une collection d’articles, d’essais personnels, d’images et davantage encore, qui explorent le passé, le présent et l’avenir de la vie des Noirs en Alberta, en Saskatchewan et au Manitoba. Entrez dans le projet Black on the Prairies ici.
Cet article First Person a été rédigé par Karina Vernon, professeure agrégée d’anglais à l’Université de Toronto, Scarborough, originaire de l’Alberta.
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J’ai grandi en tant que jeune fille noire à Olds, en Alberta, sans jamais entendre le nom d’Amber Valley.
Amber Valley était la plus grande communauté noire à avoir jamais existé à l’ouest de l’Ontario. Ce n’était qu’à un après-midi de route de l’endroit où je vivais.
Je n’ai jamais entendu parler non plus de l’une des communautés entièrement noires autosuffisantes fondées par les quelque 1 600 Afro-Américains qui se sont installés dans les Prairies canadiennes au tournant du XXe siècle : Wildwood, à l’est d’Edson; Breton, au sud-ouest d’Edmonton; Campsie, au nord-ouest d’Edmonton; Maidstone en Saskatchewan.
J’ai grandi dans une maison pleine de livres. Ma mère était professeur d’anglais et administratrice de lycée. Pourtant, il y avait des trous béants dans mes connaissances sur une histoire importante des Noirs qui, si j’en avais appris parler quand j’étais enfant, auraient complètement transformé mon sentiment d’appartenance dans les Prairies.
Comment une histoire comme celle-ci disparaît-elle ?
Karina Vernon petite fille à Olds, Alb. (Soumis par Karina Vernon)
Absence intentionnelle
Je me rends compte maintenant que ces trous – et ce manque de sentiment d’appartenance – faisaient intentionnellement partie de mon éducation.
Tout comme l’arrêté fédéral de 1911 interdisant « tout immigrant appartenant à la race noire, qui est jugée inadaptée au climat et aux exigences du Canada », la version aseptisée de l’histoire des Prairies que nous recevons est conçue pour garder les Prairies comme un espace non noir.
Une pièce du puzzle s’est mise en place pour moi en octobre 2020, lorsque le plan du Parti conservateur uni de l’Alberta visant à éliminer le programme d’études des pensionnats indiens de la maternelle à la 4e année et toutes les références à « l’équité » ont fait les manchettes nationales. Bien que le parti ait fait marche arrière, de tels changements même suggérés démontrent à quel point le bilan historique des Prairies est vulnérable au blanchiment.
Alors que les élèves des Prairies continueront d’apprendre — du moins pour l’instant — l’histoire des pensionnats indiens, bon nombre des élèves de cette génération n’apprendront pas que la riche histoire des Noirs dans les Prairies canadiennes remonte à trois siècles.
Sur cette photographie de la fin des années 1940, l’agriculteur J. D. Edwards se tient à côté d’un champ de céréales à Amber Valley, en Alberta. (Glenbow Archives).
Les esclaves, les commerçants de fourrures noirs sous contrat et libres, les voyageurs et les interprètes linguistiques autochtones étaient actifs dans la traite des fourrures sur les terres autochtones depuis au moins 1790. Des cow-boys noirs, des éleveurs, des cuisiniers et des gens comme Alfred Shadd — médecin, politicien et rédacteur en chef de journaux à Carrot River, en Saskatchewan — ont contribué à forger les premières communautés des Prairies.
La grande migration des Noirs américains de l’Oklahoma et des États environnants entre 1905 et 1912 est également absente des livres d’histoire du secondaire.
Le mois dernier, l’Alberta a dévoilé une nouvelle ébauche de programme d’études primaires qui sera mise à l’essai dans certaines salles de classe cet automne. Il met l’accent sur une cache commune de connaissances que la province dit que chaque enfant devrait savoir. Le ministère affirme que les établissements noirs et les contributions des premiers pionniers noirs seraient introduits en 4e année.
L’effacement de l’histoire des Noirs de la mémoire publique collective est d’autant plus flagrant que d’excellentes ressources éducatives existent depuis des décennies.
The Black Canadians: Their History and Contributions, publié en 1993 par deux des descendants de la migration de l’Oklahoma, Velma et LeVero Carter, est une introduction accessible à l’histoire des Noirs canadiens.
Le documentaire de Selwyn Jacob de 1994 We Remember Amber Valley est une ressource visuelle conviviale pour les étudiants.
Le patrimoine des pionniers noirs de l’Alberta regorge de trésors d’histoires et de récits en ligne.
Les mémoires récemment rééditées de Cheryl Foggo, Pourin’ Down Rain, célèbrent l’expérience des Noirs dans les Prairies.
De nombreuses autres ressources pédagogiques sont disponibles en consultant #BlackCDNSyllabus
Notre histoire collective niée
L’absence d’histoire des Prairies noires sert à la fois à déstabiliser la noirceur et à produire le fantasme d’une blancheur dominante des Prairies.
Elle perpétue la croyance erronée selon laquelle la noirceur n’est qu’un phénomène post-années 1960 dans les Prairies. Elle maintient également le fantasme selon lequel le racisme anti-Noirs se produit ailleurs, plutôt que de le révéler comme une structure constitutive des Prairies.
Mme Booker Edwards, belle-fille de J. D. Edwards, enseigne à Amber Valley, en Alberta, en 1959. (Archives Glenbow/NA-704-4)
Il n’y a pas que les étudiants noirs qui sont volés lorsque la richesse de leur histoire est purgée des livres d’histoire. Nous sommes tous privés lorsque toute la complexité de notre histoire collective est niée. Cela nous vole une compréhension globele de notre propre moment présent.
Restaurer cette histoire noire nous aidera à comprendre comment les Prairies ont longtemps été un lieu de lutte pour la liberté des Noirs. Pendant trois siècles, les Noirs sont venus ici à la recherche de sécurité et d’un endroit où ils pourraient non seulement imaginer, mais aussi réaliser un avenir pour eux-mêmes et leurs familles.
Nous devons transmettre leurs histoires. #BlackLivesMatter dans l’histoire également.
Le projet Black on the Prairies est soutenu par Being Black in Canada. Pour plus d’histoires sur les expériences des Canadiens noirs, consultez Être Noir au Canada ici.
À PROPOS DE L’AUTEURE
Karina vernon
Karina Vernon est professeure agrégée d’anglais à l’Université de Toronto, Scarborough, où elle fait des recherches et enseigne dans les domaines de la littérature canadienne et noire canadienne, de l’esthétique noire, des archives, de la pédagogie critique et des solidarités entre Noirs et Autochtones.
Pour la version originale, cliquez ici.
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